Dans la tradition chrétienne byzantine, l'akathistos ou
hymne acathiste est une prière chantée adressée à Marie qui
a enfanté Dieu, la Théotokos. Il doit se
chanter entièrement debout, d'où son nom : a-kathiste (du
grec moderne áêÜèéóôïò
= non assis).
Dévotion de l'Église à Marie
dans les premiers siècles
Cette hymne adressée à la Mère de Dieu est l’une des
expressions les plus hautes et les plus célèbres de la piété
mariale de la tradition orthodoxe byzantine. Selon les mots
du byzantiniste Louis Bréhier, «par sa forme élégante, par
la profondeur du sentiment mystique et la beauté musicale
des mots, l'Akathiste est unique dans la littérature
byzantine »
Son origine remonte au VIIe siècle, au temps où les
musulmans assiégeaient Constantinople, d'abord sous le règne
de l'empereur Héraclius en 626, mais aussi en 678 et 7183 ;
les citoyens de cette ville invoquèrent l’aide de la Vierge
Marie à laquelle Constantinople était consacrée. En 678, la
flotte du calife de Damas assiégea la ville mais dut se
replier devant la résistance byzantine. Ainsi, après avoir
expérimenté la protection de la Mère de Dieu, ils la
remercièrent par des chants et des veilles en son nom.
Debout, pendant toute la nuit, le peuple chanta
l’Akathistos, le grand hymne à la Mère de Dieu, dont
l’auteur est inconnu. Et lorsque Constantinople finit par
tomber le 29 mai 1453, prise par les forces ottomanes
conduites par Mehmet II, le patriarche Georges Scholarios
s’adressa à Marie en disant que les fidèles avaient cessé de
l'invoquer pour sauver la ville, mais avaient continué à
l'invoquer pour les garder toujours dans la foi des Pères de
l’Église.
Il est considéré comme un chef-d’œuvre littéraire et
théologique qui présente, sous la forme d’une prière, la foi
commune et universelle de l’Église des premiers siècles au
sujet de la Vierge Marie. Les sources qui ont inspiré cette
hymne sont les Saintes Écritures, la doctrine définie par le
Concile œcuménique de Nicée, ceux d’Éphèse et de
Chalcédoine, ainsi que la réflexion des Pères de l'Église
orientale des IVe et Ve siècles. Durant l’année liturgique,
l’hymne acathiste est chantée solennellement le cinquième
samedi de Carême chez les catholiques, et les quatre
premiers vendredis de Carême chez les orthodoxes ; elle est
reprise en de nombreuses autres occasions ; son usage est
recommandé à la piété du clergé, des moines et des fidèles.
L'hymne acathiste dans les années
récentes
Dans les années récentes, cette hymne s’est répandue aussi
dans les communautés de fidèles de rite latin. Certaines
célébrations solennelles mariales, qui ont eu lieu à Rome en
présence du Saint-Père, ont contribué à la diffusion de
l’hymne acathiste, qui a ainsi bénéficié d’un retentissement
très important dans toute l’Église. Cette hymne très
ancienne, qui est considérée comme un exemple magnifique de
la tradition mariale la plus antique de l’Église indivise,
est à la fois un appel et une prière d’intercession en
faveur de l’unité des chrétiens, qui est appelée à se
réaliser sous la conduite de la Mère de Dieu. Cette hymne
est considérée comme un élément majeur pour l'unité de
l'Église orientale et occidentale. Le synode des évêques
catholiques qui s'est réuni en octobre 2008 sur le thème de
« la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Église»
et dont les conclusions ont été reprises dans l'Exhortation
apostolique Verbum Domini du pape Benoît XVI, considère que
« prier en utilisant les mots de l'akathistos, dilate l'âme
et la dispose à la paix qui vient d'en-haut, de Dieu, à
cette paix qui est le Christ lui-même, né de Marie pour
notre salut »
Composition de l'hymne
L’Akathistos appartient à la catégorie d’hymnes appelés
Kontakia.
Il est composé de vingt-quatre unités ou stances, avec un
acrostiche alphabétique.
La moitié d’entre elles – les stances de nombre impair –
commencent par une exposition poétique qui décrit un
événement, suivie de six actions de grâce adressées à la
Toute sainte Mère de Dieu, pleines d’émerveillement et de
louanges à son adresse, et se concluent par une exclamation
caractéristique de la prière, « Salut, Épouse non épousée !
» (dans le texte original, en grec moderne, ×áßñå,
Íýìöç Aíýìöåõôå).
L’autre moitié – les stances de nombre pair – est composée
d’un tropaire qui se termine par l’exclamation de louange «
Alléluia ! ».
Chaque stance naît d’un événement de la vie de la Mère de
Dieu, ou parfois de la vie de Jésus-Christ qu’elle a
enfanté, ou encore d’autres personnages qui leur sont
proches, pour exalter la participation de Marie ou de
Jésus-Christ à l’épisode en question et son importance pour
le salut des hommes.
Le tout début commence par une prière de la ville de
Constantinople (qui peut aujourd'hui être le symbole de
n'importe quelle communauté), pour demander à la Vierge
Marie sa protection ; même si la tradition indique que
l'hymne a été composé et chanté pour la première fois à un
moment historique déterminé, pendant une veille, par le
peuple de Constantinople debout (= akathistos), comme acte
de remerciement parce que la ville avait été sauvée de
l’invasion des ennemis, depuis, pour les fidèles qui mettent
toute leur confiance dans le secours de la sainte Mère de
Dieu, ce n’est pas la conjoncture historique pour laquelle
l’hymne a été écrit qui compte, mais seulement la foi dans
l’aide qui vient de Marie toujours Vierge et l'espérance
que, de même que cela s’est passé à l’époque, de même cette
aide sera concédée aujourd’hui à ceux qui l’invoquent.
Ensuite débute l'évocation de l’Annonciation par l'Archange
Gabriel, la stupeur de la Toute sainte Mère de Dieu et son
dialogue avec lui. On annonce la conception de l’embryon
dans son ventre par l’opération du Saint-Esprit, puis on
raconte la Visitation de la Vierge Marie à Élisabeth (mère
de Jean le Baptiste), les doutes de Joseph (Nouveau
Testament), l’adoration des bergers, la visite des Rois
mages, l’offre de leurs dons à la Vierge Marie, la Fuite en
Égypte, loin des menaces du roi Hérode le Grand, la
Présentation au Temple.
L'hymne s'achève par une louange au Verbe, Sauveur du monde,
et une louange à la Vierge, flambeau lumineux des hommes
dans les ténèbres, temple de Dieu, protectrice de l'humanité
en tout temps.